Hier, journée grisâtre, froide, humide et brumeuse. Ce matin, gelée et rayons obliques du soleil. La lumière est belle, aveuglante, toute blanche ; elle traverse les arbres, déploie de grandes traînées lumineuses sur le sol glacé.

Au petit matin du premier janvier, je suis allé voir si mon caillou avait été déplacé depuis l'été dernier. Légèrement quand même, un oiseau peut-être. Ou un curieux qui l'aura pris dans ses mains pour mieux le regarder.

Il se trouvera bien quelqu'un qui l'enlèvera un jour.

Une pierre pour marquer cette année finissante... En garder un souvenir ? Certainement pas. Vaut mieux que tout s'efface.

Questionnement, cheminement, projets, tout ce temps passé à tâtonner pour finalement s'apercevoir que tout ça, c'est du flan. En peinture, il faut placer la couleur à la louche, et en remettre encore. Qu'importe la densité d'une œuvre, il s'agit surtout de savoir en tenir un discours. Et puis le quotidien d'un peintre, par dessus le marché, se trouve être d'un ennui absolu.

L'instant, l'image de l'instant, et celui-là prend tout-à-coup un peu de l'éternité que l'on voudrait garder pour soi.

Cette photo n'est ni truquée ni arrangée. La lumière est l'essence même du travail du peintre ou du sculpteur. Elle magnifie la matière, ouvre l'esprit à une plus grande sensibilité, faisant naître à chaque instant de nouvelles sensations.

Une œuvre peut souffrir d'une mauvaise lumière. Le plus souvent lorsque j'expose, on place dessus mes tableaux quelques spots qui écrasent la matière. Reste plus qu'un gros fromage blanc au milieu de la toile... Image cocasse qui ne ressemble plus à rien.

Des galets... J'aime beaucoup ces teintes, ces formes, ces arrondis, cette mélancolie qui émane de ce matériau. Je n'en fais rien, que des photos, comme ça, seulement pour pouvoir les regarder. J'y retrouve la chaleur de l'été, les résonances de journées ensoleillées, le bruit d'une vague sur la plage.